Blog pour les amateurs de polars et thrillers...ainsi que pour ceux qui veulent découvrir la criminologie...
Cette page n'abordera pas la recherche et l'étude des empreintes digitales, la balisitique, ni la médecine légale et l'entomologie. Vous pouvez retrouver ces sujets sur le blog
ici Les empreintes digitales et le FAED: Fichier Automatisé des Empreintes Digitales
ainsi que ici La Balistique et les armes
et ici Médecine Légale et Entomologie (ou ce que nous disent les ptites bêbêtes...)
Portrait-robot, reconstitution craniofaciale.
La technique du portrait-robot a été initialisée en France par le commissaire divisionnaire Chabot, chef du Service régional de police judiciaire de Lyon (S.R.P.J.), dans les années 50 : lors d'une affaire de crime, il eut l'idée d'utiliser les différents éléments d'identification de l'assassin donnés par plusieurs témoins et de les réunir pour aboutir à un portrait du présumé meurtrier. Largement diffusé dans la presse, ce premier portrait robot permet rapidement
l'arrestation d'un repris de justice qui avoue le crime. Ce premier succès fut suivi par d'autres quelques années plus tard, ce qui contribua à convaincre les spécialistes de l'Identité judiciaire.
Le portrait-robot est réalisé en utilisant des kits, un système de bandeaux offrant un choix de formes dessinées pour chaque partie du visage. La juxtaposition de ces différents éléments aboutit à l'élaboration du portrait. Le portraitiste utilise aussi des centaines de gabarits de visages déjà dessinés, de type européen, africain, asiatique…, ronds, ovales, carrés… Des épais classeurs contiennent la banque de données d'innombrables visages humains.
Muni de sa trousse de travail et de ses précieux classeurs, le portraitiste se rend le plus souvent au domicile des témoins ou victimes d'un hold-up, d'un crime, du viol, d'une disparition... Habillé en civil, il interroge le témoin, le met en confiance, fait montre d'une patience d'ange afin de récolter un maximum d'informations. Visage rond, nez normal, cheveux blonds, profil du menton, acuité d'un regard... La pose dure en moyenne de vingt minutes à une heure trente. Ensuite, le portrait-robot est remis aux enquêteurs. Est-il réussi, ressemble-il à l'auteur ? Est-il efficace dans l'élucidation d'une enquête ?
Dessiné de face, le portrait-robot est toujours apprécié par le témoin, mais celui-ci a des lacunes, et un même criminel peut donner plusieurs portraits différents suivant le témoin, sans compter les faux témoignages.
La technique du portrait-robot s'est modernisée : aujourd'hui, des logiciels permettent d'obtenir le même résultat (à partir d'éléments dessinés ou photographiés) avec beaucoup plus de rapidité, et surtout avec possibilité de retouches instantanées. Pour certaines enquêtes, les portraitistes travaillent parfois avec des hypnotiseurs : mis sous hypnose par un neuropsychiatre, le témoin serait à même de donner une description plus fine du visage de l'auteur. La technique du vieillissement par ordinateur (à partir d'une photo) est également utilisée pour certains dossiers.
Cet outil a permis de résoudre des affaires criminelles importantes, pour lesquelles les services d'enquêtes avaient fort peu d'éléments matériels, mais il reste approximatif et faillible.
La reconstitution craniofaciale a le même but que le portrait robot, c'est à dire de donner un visage à une personne inconnue, mais elle est utilisée dans des circonstances différentes : Le portrait vise à déterminer une personne recherchée (qu'elle soit portée disparue ou en fuite), tandis que la reconstitution sert principalement à donner un visage à un squelette non identifiable (cadavre brûlé ou putréfié la plupart du temps).
Cette technique consiste à réaliser un moulage (ou un modelage) à partir d'un crâne. C'est un soviétique, un certain Mikhaïl M. Guerassinov qui va être le premier à proposer une méthode de reconstitution faciale fiable et précise. Il établit des tables de mesures, à partir de radiographies et de mesures, qui donnent avec précision la densité des tissus mous et des muscles en fonction de leur place sur l'os mais aussi de l'âge et de l'origine ethnique du sujet.
Claude Mallet, également anthropologue, vient apporter de précieuses connaissances : il est spécialisé dans la myostéonomie, étude des liens entre l'importance fonctionnelle d'un muscle, son insertion osseuse et les traits du visage. Mallet a en particulier déterminé que l'ancrage d'un muscle sur l'os donne des indications sérieuses sur sa force et la fréquence de son utilisation. En extrapolant, on peut en déduire qu'un homme dont le grand zygomatique était puissant riait souvent ; une information essentielle lorsqu'il s'agit de donner une expression au visage. De la même façon, les insertions osseuses de l'occipito-frontal (à l'arrière du crâne) pourront renseigner sur les rides frontales. Seules devront alors être imaginées la couleur des cheveux et des yeux et la forme des oreilles.
Cette méthode a déjà fait ses preuves, mais elle reste également approximative, puisqu'elle laisse beaucoup de champ à l'interprétation intuitive ou psychologique des spécialistes, et donc subjective.
Odontologie médico-légale.
L'odontologie médico-légale est l'étude et le traitement des dents ayant pour fonction d'éclairer la justice :
elle sert essentiellement à identifier des cadavres.
En effet, la dent étant le matériau le plus minéralisé de l'organisme, elle est très dure. Elle peut résister aux agressions qui détruisent les tissus biologiques et les os, telles que le temps, les insectes, les bactéries, la putréfaction, et même la crémation, puisque l'élévation de la température ne l'altère qu'en atteignant des degrés extrêmes.
Longtemps négligée par la police scientifique, cette discipline est particulièrement utilisée dans les identifications réalisées lors de catastrophes, notamment aériennes : le choc à l'impact est alors si violent qu'il disloque les corps pour lesquels la dentition est le dernier recours de la criminalistique .
Les dents ont effectivement des qualités non négligeables : formées une fois pour toutes, elles se conservent éternellement au sein de milieux bactériens et microbiens naturels, en dehors d'une action artificielle au moyen d'un acide puissant. Ainsi, en plus de la taille et de la forme propres à chaque dent, les soins reçus (plombages, pansements) et les prothèses les rendent uniques.
A l'heure actuelle, chaque intervention médicale effectuée en bouche donne lieu à la conservation d'archives, et ce grâce au système social existant dans la plupart des pays industrialisés. En l'absence de schéma dentaire, comme pour les enfants dont les dents parfaites ou non n'ont réclamé aucune intervention dentaire, l'expert en odontologie légale peut même faire des comparaisons efficaces avec des documents photographiques pris avant la mort, à condition bien sûr que le cliché offre une bonne vue des dents antérieures (rire, sourire).
Cette discipline ne peut évidemment pas être prospective (comme l'est l'ADN qui, à partir d'un fragment d'individu, reconstitue son identité complète) mais simplement comparative.
Sérologie et ADN.
C'est l'étude des groupes sanguins et tissulaires, découverts en 1900 par un médecin américain. Il identifia pour la première fois le système ABO. En 1915, un professeur de médecine légale italien développa le premier test d'identification de ces groupes avec des anticorps et l'utilisa dans une affaire judiciaire. M.Landsteiner (prix Nobel en 1930) découvrit en 1927 les groupes P et MN et en 1940 le facteur rhésus.
Depuis bien d'autres groupes ont été découverts mais l'utilisation de ces marqueurs permet plus souvent l'exclusion d'un individu plutôt que l'identification certaine.
De même que pour les analyses d'ADN le prélèvement sanguin nécessaire à ce genre de technique n'est pas une obligation. Ce qui entraîne les mêmes conséquences sur les possibilités d'identification certaine des coupables. Les conditions de prélèvement et de transport ainsi que le facteur humain limitent cette méthode.
5/Empreintes génétiques.
L'ADN (Acide Désoxyribo Nucléique) est le support de l'information génétique au sein des chromosomes. Il est identique dans chacune des cellules de l'organisme d'un même individu (sauf dans les globules rouges).
Chaque individu possède son propre ADN, différent de celui de tous les autres individus (exceptés pour les vrais jumeaux, qui possèdent la même séquence).
La caractérisation par "empreintes génétiques" permet d'exclure ou d'identifier un individu par comparaison. Les indices exploitables pour ce genre de caractérisation sont en générale du sang, du sperme, des cheveux et des poils, mais aussi des cellules de la muqueuse buccale, de la salive (retrouvée sur un mégot, un timbre, du chewing-gum, un goulot de bouteille, une cagoule ou un masque...) ou des dents (et autres ossements).
Il existe deux méthodes de traitement de l'ADN en laboratoire. La RFLP (Analyse du Polymorphisme de Longueur des Fragments de Restriction), utilisée quand l'ADN est de bonne qualité et présent en grande quantité, elle permet une identification précise avec un risque d'erreur très bas (environ 1 sur quelques centaines de millions à quelques milliards). Cette méthode réside dans le fait que la taille des segments d'ADN varie d'une personne à l'autre. En effet même si deux segments d'ADN sont homologues, leurs tracés diffèrent ; si pour un fragment nous avons tous la même unité de base, le nombre de répétitions, donc la taille du segment, varie.
Ensuite on soumet ces molécules à un champ électrique (l'électrophorèse sur gel,sachant que les plus petites se dirigent plus rapidement que les autres vers le pôle positif, on obtient ainsi un classement des molécules par taille, semblable à un code barre (après coloration). C'est l'empreinte génétique. La police scientifique peut ainsi comparer les "codes barres" des échantillons prélevés sur le lieu du crime à celui du suspect. Le délai de réponse de cette analyse varie entre 2 et 8 semaines.
La PCR (Réaction en Chaîne de la Polymérase), utilisée quand L'ADN est en trop faible quantité et/ou en mauvais état (dans certaines limites...), est une méthode d'amplification génétique. En quelques heures, il est possible d'obtenir des millions d'exemplaires d'un fragment d'ADN in vitro. On laisse incuber l'ADN dans des conditions appropriées, en présence de l'ADNpolymérase (une enzyme), et de courts fragments d'acides nucléiques (les amorces). Cette méthode est plus rapide, de 24 heures, pour innocenter rapidement un suspect, à 3 semaines, pour une identification mais avec un risque d'erreur plus élevé (environ 1 sur quelques milliers à quelques millions).
Ce système a une double fonction : il peut soit innocenter soit accuser. Si l'empreinte diverge des "codes barres" réalisés avec les indices à deux endroits au moins le suspect est innocenté avec 100% de certitude.
Cependant cela reste seulement un très bon indicateur, qui n'est d'ailleurs pas meilleur que les empreintes digitales. Cette méthode nécessite la complémentarité avec d'autres techniques d'identification. Si elle permet d'innocenter un individu à 100%, elle ne peut le confondre aussi sûrement. Certaines difficultés sont encore à surmonter : il faut que les prélèvements sur les lieux du crime soient fiables ainsi que leur transport et leur conservation. Et la PCR, méthode très sensible, risque d'amplifier une molécule d'ADN qui se serait introduit dans le prélèvement par erreur, ce qui
fausserait le résultat.
De plus, puisqu'il n'existe aucune "banque de données" (ou fichier) qui regrouperait les empreintes génétiques (pour des raisons éthiques), et puisqu'un suspect présumé a le droit de refuser une analyse génétique (loi du 29 juillet 1994 relative au respect du corps humain, qui réglemente l'utilisation des empreintes génétique), cette méthode reste assez limitée.
Exemple d'affaires traitées grâce aux techniques d'étude des empreintes génétiques : les travaux réaliser par le laboratoire de Police Scientifique (LPS) de Lille sur des pièces à conviction contenant des indices biologiques ont permis d'identifier et de confondre l'auteur de huit viols perpétrés entre 1989 et 1995, ainsi que le "violeur de Maubeuge" auteur d'une quarantaine d'agressions
Toxicologie/stupéfiants.
Dans le cas d'une mort suspecte, on recherche des traces de produits toxiques qui auraient pu provoquer la mort. On analyse les liquides biologiques (sang, urine), le contenu gastrique, les viscères ou les boissons et aliments que la victime a avalés, également les cheveux car ceux ci garde en mémoire les traces de drogue.
Pour l'analyse, il est nécessaire de prendre en compte le fait que certains produits disparaissent très vite du sang mais restent environ 24 heures dans les urines.
Mais cette analyse est très complexe car notre monde compte plus de dix millions de substances chimiques connues à ce jour. Pour cela, il est nécessaire que les enquêteurs connaissent le maximum d'informations concernant les circonstances du crime (meurtre par arme, viol… traitement suivi par la victime… accès de la victime à certains produits chimiques… ?)
L'analyse portera en premier lieu sur l'identification du produit et ensuite sur sa concentration. Cette dernière est importante dans le cas de trafic de stupéfiants car si la concentration en produit est de 2 à 3 % dans une héroïne, la personne incriminée est un consommateur alors que si la concentration dépasse les 50 %, il s'agit d'un grossiste.
Plusieurs types de drogues sont mis en cause dans ces affaires : les stupéfiants (cannabis, héroïne, cocaïne, crack, amphétamines, ecstasy, LSD), médicaments (dépresseurs comme barbituriques, morphinomimétiques … stimulants comme amphétamines, dopants…) et substances volatiles (solvants comme colles, peintures ou produits pétroliers… et produits anesthésiants comme éther, chloroforme…).
Si les enquêteurs ont une idée du produit utilisé, on réalise une comparaison avec une chromatographie en phase gazeuse pour les produits volatils ou par spectrométrie de masse. Ce dernier est utilisé lorsque les produits utilisé en chromatographie ont les mêmes temps d'évaporation, il est donc nécessaire de les différencier en les bombardant d'électrons qui brisent les molécules en différents fragments qui sont pesés (une molécule d'une substance déterminée se fracture toujours de la même façon). Ainsi les produits peuvent être comparés avec des échantillons témoins.